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21/03/2009

Iles "Guantanamo" ou "Alcatraz" ?

Est-ce bien raisonnable ?

 

Par Catherine Morand, journaliste, le 22 mars 2009, Le Matin Dimanche

 

Iles « Guantanamo » ou « Alcatraz » ?

 

Les îles grecques, la Sicile, celles de Lampedusa, Malte ou les Canaries n’ont pas connu de trêve hivernale. Bravant les tempêtes et le froid, des milliers de jeunes gens ont tout de même quitté les côtes de Turquie, de Libye ou de Tunisie pour affronter une mer déchaînée à bord d’embarcations surchargées et dangereuses. Et, pour ceux qui ne se sont pas noyés en route, venir s’y échouer après plusieurs jours d’enfer.

 

Lampedusa, petite île entre la Tunisie et la Sicile, craint de faire fuir les touristes en se transformant en une sorte d’ « Alcatraz méditerranéen », référence à l’île d’Alcatraz située dans la baie de San Francisco en Californie, célèbre pour y avoir abrité une prison de haute sécurité. Depuis le début de l’année, plusieurs milliers de « boat people » y ont déjà débarqué, aussitôt enfermés dans des camps entourés de barbelés, surveillés 24h/24 par des centaines de carabiniers et de soldats. Lampedusa n’en peut plus, appelle au secours pour faire face à une situation explosive.

 

Véritables avant-postes de la forteresse Europe, ces îles touristiques qui furent longtemps des terres d’émigration sont désormais prises d’assaut par des flux incessants, une véritable marée qu’aucune des mesures que l’Union européenne a tenté de mettre en place dans les pays d’où partent ces « damnés de la mer » n’est parvenue à juguler.

 

Il y a quelques décennies, les émigrés du Sud de l’Europe, fuyant la misère, essayaient de gagner l’Amérique. Aujourd’hui, des milliers de jeunes gens désespérés, à la recherche d’un job, jouent à quitte ou double avec leur vie pour rejoindre cet eldorado européen qu’ils aperçoivent dans les séries, les pubs et les jeux télévisés. Via les îles paradisiaques de Lanzarote, Samos, Ténérife, Pantelleria, Kos, Gozo…

 

En plein Océan Indien, c’est sur Christmas Island, une île aux plages de rêve, prisée par les amateurs de plongée sous-marine, que l’Australie « délocalise » ses immigrés indésirables. Dans un centre de détention high-tech, qualifié de « Guantanamo » pour boat people, les candidats à l’immigration sont coupés du reste du monde par un système de surveillance électronique sophistiqué et par des centaines de kilomètres d’océan.

 

Les îles ont-elles désormais vocation à devoir régler « off-shore » le problème de l’immigration illégale ? D’empêcher l’accès à une Europe économiquement sinistrée, qui ne veut plus de ces « voleurs » de travail alors que le chômage est en plein boom ? C’est ce qui semble se dessiner. Avec, à la clé, cette question lancinante : où diable pourrons-nous encore aller pour passer nos vacances en paix ?

15/03/2009

Gratte-ciel, les USA sont "out"

Est-ce bien raisonnable ?

 

Gratte-ciel, les USA sont « out »

 

Par Catherine Morand, journaliste - le  8 mars 2009 - Le Matin Dimanche

 

Dans la course aux gratte-ciel, les Etats-Unis sont désormais hors jeu. Hier, c’était New York et Chicago qui se lançaient des défis en construisant des buildings toujours plus hauts. Aujourd’hui, c’est Shanghai, Dubaï, Singapour qui rivalisent d’audace pour faire sortir de terre les tours les plus folles et défier le ciel.

 

Au hit-parade des plus hautes tours du monde, les Etats-Unis et bien entendu l’Europe sont quasiment inexistants. La première place est occupée par le Burj Dubaï qui n’est pas encore achevé, mais dépasse déjà les 800 mètres de hauteur, suivi par le Taipei 101 à Taiwan avec ses 508 mètres, mât compris. En troisième position figure le World Financial Center de Shanghaï, qui dresse ses 492 mètres dans le quartier de Pudong, le Wall Street chinois.

 

A titre de comparaison, l’Empire State Building, le plus grand gratte-ciel de New York depuis l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center, ne mesure « que » 381 mètres. Et il date des années 30…

 

Comme si cela ne suffisait pas, l’été dernier, les New-Yorkais ont ressenti comme une humiliation le rachat par des fonds étrangers de trois gratte-ciel historiques parmi les plus mythiques de Manhattan : les immeubles Flatiron, Chrysler et General Motors. Tout un symbole, à l’heure où les deux constructeurs automobiles sont au bord de l’asphyxie.

 

Emblème de puissance et de foi en l’avenir, un gratte-ciel est très lié à l’environnement économique de la ville ou du pays qui en pilote la construction. D’où l’émergence des plus hauts buildings, aux architectures les plus audacieuses, dans des régions en plein boom.

 

C’est le cas de Shanghai, qui croule sous le poids de son millier de tours de plus de 100 mètres. De Kuala Lumpur, véritable forêt de gratte-ciel, ou encore de Doha, Abu Dhabi et surtout Dubaï, où fleurissent des chantiers spectaculaires.

 

Les projets les plus fous, telle la tour Nakheel de plus d’un kilomètre annoncée à Dubaï, sont toutefois gelés pour l’instant, en raison de la crise financière. Des milliers d’immigrés travaillant dans le secteur de la construction dans la région ont d’ores et déjà été licenciés.

 

La crise financière et économique qui ravage les Etats-Unis va également avoir des répercussions sur la reconstruction de Ground Zero et de la Freedom Tower, qui est toujours au point mort. L’Amérique est aujourd’hui à terre et mettra du temps à se relever. A l’image de ses tours les plus hautes, qui ne parviennent toujours pas à renaître et à sortir de terre, sept ans et demi après leur destruction un certain 11 septembre 2001.