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23/06/2015

Tidjane Thiam, la fierté de la Côte d'Ivoire

Le franco-ivoirien Tidjane Thiam va prendre ses fonctions à la tête du Credit suisse à Zurich en juillet 2015. Le 14 mars 2015, quelques jours après l’annonce de sa nomination, ma chronique ci-dessous était publiée dans les colonnes du quotidien ivoirien Fraternité Matin.

 

Cette semaine, la presse du monde entier a fait ses gros titres sur un valeureux fils de la Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam, qui vient d’être nommé à la tête de Credit Suisse, une des plus grandes banques du monde, fleuron du secteur bancaire suisse.

En Suisse, dès l’annonce de cette nomination, l’ensemble des médias helvétiques ont aussitôt cherché frénétiquement à en savoir plus sur ce franco-ivoirien surdiplômé, star de la City de Londres, qui côtoie avec aisance et décontraction le gotha financier et politique de la planète. « Pour prospérer, la Suisse a besoin de cadres brillants qu’il faut aller chercher à l’étranger », écrit l’éditorialiste du quotidien suisse Le Temps, tout en relevant que « Tidjane Thiam est le premier dirigeant d’une entreprise suisse d’une telle taille à être d’origine africaine ». En titre, le quotidien genevois déclarait dans son édition du 11 mars : « A 52 ans, l’ancien ministre de Côte d’Ivoire présente un parcours atypique ».

Quel parcours époustouflant en effet que celui de Tidjane Thiam, né en 1962 à Abidjan, fils d’Amadou Thiam, originaire du Sénégal, arrivé en 1945 en Côte d’Ivoire, où il fut ministre de l’information du président Félix Houphouët-Boigyn dans les années 60 et 70, après avoir créé et dirigé Radio Côte d’Ivoire. Sa mère, Mariétou Sow, était une nièce d’Houphouët-Boigny. Tidjane Thiam fit en France de brillantes études : Polytechnique, major de l’Ecole des mines, diplômé d’un master de l’Ecole de commerce INSEAD, avant de rejoindre le prestigieux cabinet de conseil américain McKinsey dans les années 80.

Il retourne ensuite en Côte d’Ivoire, où de 1994 à 1999, il est le premier Ivoirien à occuper le poste de directeur général du BNEDT –  après les Français Antoine Cesareo et Philippe Serey-Eiffel -  dont il devint ensuite le président, tout en occupant le portefeuille de ministre du Plan et du Développement dans le gouvernement du président Henri Konan Bédié. Il est alors l’homme fort de l’économie ivoirienne, en pleine croissance, et à 36 ans, figure dans la liste des « Young Global Leaders of Tomorrow », sélectionnés par le Forum économique mondial. Le coup d’Etat de Noël 1999 du général Gueï va cependant sonner le glas de sa carrière en Côte d’Ivoire : après quelques semaines d’assignation à résidence, il est libéré et quitte le pays, après avoir décliné l’offre du général Guéï d’être son premier ministre.

Tidjane Thiam retourne ensuite au sein du cabinet McKinsey, avant d’entrer en 2002 dans les hautes sphères du groupe d’assurances Aviva, puis d’un autre groupe d’assurance britannique, Prudential, dont il devient le PDG en 2009. C’est de ce poste que les chasseurs de tête du Credit Suisse l’ont débauché, impressionnés par les excellents résultats obtenus par Prudential en Asie, mais aussi sur le continent africain. Sa proximité avec le président américain Barack Obama a certainement aussi joué en sa faveur : le Credit suisse a été condamné par les autorités américaines à payer une amende de 2,8 milliards pour avoir aidé des contribuables américains à frauder le fisc.

Les parcours des autres membres de la fratrie de Tidjane Thiam sortent également de l’ordinaire. Deux de ses frères ont aussi occupé des postes ministériels, Daouda aux mines et à l’énergie et Aziz aux transports, avec de belles carrières dans le privé, ainsi que comme conseiller du président Alassane Ouattara. Augustin Thiam est bien connu des Ivoiriens au titre de gouverneur de Yamoussoukro et chef traditionnel. Quant aux deux sœurs, elles se sont distinguées dans les secteurs de la banque, de la culture et de la communication.

Le 10 mars, le quotidien français Le Monde titrait : « Tidjane Thiam, ce banquier que la France regrette d’avoir laissé partir ». Cela renvoie à ce fameux plafond de verre auquel l’Ivoirien avait le sentiment de se heurter, et qui l’empêchait d’accéder aux plus hautes fonctions de grands groupes français. C’est désormais à la tête du Credit suisse que Tidjane Thiam pourra donner toute la mesure de ses talents. Et faire la fierté de la Côte d’Ivoire dont il est plus que jamais un prestigieux représentant.

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