Est-ce bien raisonnable ?On vit une époque formidable...2024-03-16T11:25:36+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlLes festivals culturels pour conjurer l'adversitétag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2016-07-22:58292232016-07-22T21:13:16+02:002016-07-22T20:27:00+02:00 Au Mali, au début de cette année, deux mois seulement après...
<p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"><img src="http://www.musiquetd.com/uploads/event/event_detail_view_header_large_1200x540/294/FestivalNuitsAfrique_large_header.jpg" alt="" /></span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"> </span><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">Au Mali, au début de cette année, deux mois seulement après l’attaque du Radisson Blu de Bamako qui avait causé la mort d’une vingtaine de personnes le 20 novembre 2015, le « Festival Acoustik Bamako » avait réuni des grands noms de la musique africaine et internationale. Quatre jours de concerts, donnés par des artistes qui avaient accepté de jouer gratuitement pour soutenir le Mali, toujours en état d’urgence, choqué par les événements dramatiques survenus à Bamako ; tandis que dans le nord du pays, les tensions demeurent vives. « Ce festival, c’est comme une renaissance, comme le retour du Mali vers la culture, vers les rencontres, avait alors déclaré le chanteur malien Habib Koité. C’est ce qu’on a l’habitude de faire ici, mais à un moment donné, on ne pouvait plus être hospitalier, on ne pouvait plus accueillir les gens », regrette-t-il, espérant que cette page sera bientôt tournée. </span></span></p><p><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Gageons que lors du Festival des Arts de la Rue de Grand-Bassam qui se tiendra du 2 au 4 décembre 2016, les festivaliers auront une pensée émue pour les victimes de l’attaque meurtrière du 13 mars dernier sur les plages jouxtant ce même quartier France, où se déroulera le Festival. Soyons sûrs que les artistes présents auront à cœur de contribuer à tourner une page dramatique de l’histoire de la Côte d’Ivoire, en partageant leur art avec la population de Bassam et l’ensemble des Ivoiriens, durablement choqués par ces événements.</span></p><p><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Quant au Fespaco, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, sa 25e édition se déroulera dans la capitale burkinabé du 25 février au 4 mars 2017, soit pratiquement une année après les attaques terroristes du 15 janvier 2016, qui avaient causé une trentaine de morts, lors de l’attaque du Splendid et du restaurant le Capuccino. Là aussi, cela sera l’occasion pour les participants, venus de partout, de témoigner leur solidarité avec le Burkina Faso. Espérons en tout cas que les festivaliers ne renonceront pas à cette belle fête du cinéma africain pour des questions de sécurité. </span></p><p><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Les festivals culturels comme un pied de nez à l’adversité, à la peur de ces attaques qualifiés de « djihadistes », mais qui sont, le plus souvent, le fait de jeunes désaxés, en perdition, dont le lien avec la religion est plus que ténu ? La vie serait bien triste en tout cas si, en raison de ces attentats - qui frappent aveuglément y compris des lieux de concert, de détente tels que des cafés, des hôtels ou des plages, ou, encore, comme tout récemment à Nice, les festivités du 14 juillet, fête nationale - les gens restaient terrés chez eux, fuyant les rassemblements, évitant au maximum les foules et les festivals culturels.</span></p><p><span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: 12pt;">Peut-on imaginer sur la longueur que les plages de Bassam ou de Sousse en Tunisie demeurent désertes à jamais ? Que le Fespaco ne retrouve plus son public joyeux et avide de découvertes cinématographiques ? Que la salle de concert du Bataclan à Paris renonce à rouvrir en novembre prochain, et demeure à jamais fermée ? Que lors des fêtes nationales, les gens, traumatisés par le massacre survenus sur la Promenade des Anglais à Nice, préfèrent désormais regarder les feux d’artifice depuis chez eux, sur leur poste de télévision ? </span></p><p><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">« Il faut continuer à vivre », ont répété partout en France les élus locaux, traumatisés, comme tous les Français, par les massacres du 14 juillet. Il n’empêche que des événements culturels programmés pour cet été sont annulés, par crainte de ne pouvoir garantir des conditions de sécurité suffisantes pour prévenir de nouveaux drames. </span><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';">D’autres sont maintenus, avec une sécurité renforcée, et une minute de silence au début du concert. </span></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"><span style="font-size: 12pt;">Face aux risques potentiels, ministres de la culture et élus locaux s’interrogent désormais, doivent décider si oui ou non, avec quels risques. La ministre française de la Culture Audrey Azoulay a, elle, encouragé le maintien des rendez-vous culturels agendés pour ces prochains mois : "Plus que jamais, nous devons défendre la place de la culture dans notre société et sa capacité de rassemblement autour de propositions d'artistes", a-t-elle réagi, notant le "défi de rester unis et de ne céder en rien</span>".</span></p>
Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlLe nouveau Sankara est-il Tanzanien ?tag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2016-04-12:57876012016-04-14T16:25:46+02:002016-04-12T14:59:00+02:00 Depuis son élection à la tête de la Tanzanie à la fin...
<p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font> </font></span></p><p style="text-align: left;"><img class="alignnone wp-image-2362" src="http://www.katakata.org/wp-content/uploads/2014/11/sankara.jpg" alt="sankara" width="204" height="188" /><img class="attachment-full size-full wp-post-image" src="http://www.katakata.org/wp-content/uploads/2016/01/John-Pombe-Magufuli.-1.jpg" alt="John Pombe Magufuli. 1" width="278" height="181" /></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font>Depuis son élection à la tête de la Tanzanie à la fin de l’année dernière, le nouveau président John Magufuli enchaîne les actes symboliques forts visant à lutter contre la corruption, l’absentéisme, le gaspillage de l’argent public. Ainsi qu’à traquer les fraudes, y compris fiscale, afin de pouvoir consacrer davantage de moyens financiers à l’éducation et à la santé, sans recourir à « l’aide » internationale et endetter le pays davantage. Si bien qu’en Tanzanie, et au-delà, on parle désormais de lui comme d’un « nouveau Thomas Sankara », qui ambitionne de donner un « grand coup de balai », à son pays, au propre comme au figuré.</font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font>Dès le lendemain de son investiture, John Magufuli s’est rendu à pied jusqu’au ministère des finances pour une visite surprise, où il a trouvé un désordre indescriptible, avec des dossiers traînant un peu partout, et des bureaux vides. Grosse colère du nouveau président, qui n’est toutefois pas au bout de ses peines. A l’hôpital central de Dar-es-Salaam, où il se rend ensuite, les malades dorment par terre dans les couloirs. La pharmacie de l’hôpital est vide, contrairement à celles, privées, gérées par les médecins qui ont détourné les médicaments. Nouveau coup de sang présidentiel, qui licencie sur le champ le directeur de l’hôpital, ainsi que les fonctionnaires absents sans excuse valable.</font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font>Le 9 décembre 2015, jour de la fête nationale de l’indépendance, le nouveau président tanzanien décide de remplacer défilés militaires et démonstrations de danses traditionnelles par une séance nationale et collective de nettoyage, pour lutter contre le choléra qui sévit depuis plusieurs mois. Et lui-même montre l’exemple : sous les regards ravis d’une foule compacte, John Magufuli manie la pelle et ramasse les sachets en plastique et autres détritus qui polluent le marché situé dans les environs du palais présidentiel. </font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font>Même son prédécesseur, l’ex-président Jakya Kikwete, qui a quitté le pouvoir après les deux mandats qu’autorise la Constitution tanzanienne, a manié le balai dans sa ville natale de Chalinze, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Dar-es-Salaam ; et ne tarit pas d’éloges à l’égard de celui qui lui a succédé. </font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font>Le nouveau président surnommé « Bulldozer » a également multiplié les initiatives visant à combattre la corruption, une gageure dans un pays classé au 119</font><sup><font>e</font></sup><font> rang sur 175 des pays les plus corrompus par Transparency International. Et s’est aussi engagé à réduire le train de vie de l’Etat, ministres et présidence compris. Du coup, sur les réseaux sociaux, les internautes de Tanzanie et d’ailleurs s’enflamment, partagent leur enthousiasme pour ce nouveau président, qui semble vouloir casser tous les codes, et emprunter la voie tentée à la fin des années 80 par Thomas Sankara au Burkina Faso - mais guère suivie depuis lors.</font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 12pt;"><font>Sur Twitter, le hashtag spécialement créé #WhatwouldMagufulido (« que ferait Magufuli à ma place ») remporte un franc succès. Avec beaucoup d’humour, les internautes déclinent des scènes banales ou extraordinaires de la vie quotidienne, en se demandant ce qu’aurait fait le président Magufuli à leur place. Certes, sur Facebook comme sur Twitter, certains parlent de mesures « déjà vues », qui ne durent jamais très longtemps. D’autres en revanche, dans les pays voisins, souhaiteraient par contre que l’effet Magufuli (#Magufulieffect) parviennent jusque chez eux.</font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"><span style="font-size: 12pt;"><font>Dans la presse nationale en tout cas, y compris en langue swahili, comme dans celle d’autres pays de la région, les médias établissent de plus en plus souvent un parallèle clair entre le nouveau président tanzanien et Thomas Sankara, dont le souvenir reste toujours aussi vif sur l’ensemble du continent, trois décennies après son assassinat. Le « </font><em><font>Nairobi Business Monthly</font></em><font> » du Kenya voisin titre ainsi : « </font><em><font>Go Magufuli, go, and fulfill Thomas Sankara’s dream for Africa</font></em></span><font><span style="font-size: 12pt;"> » (Vas-y Magufuli, fonce, et réalise le rêve de Thomas Sankara pour l’Afrique). Affaire à suivre.</span> </font></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif';"><font> </font></span></p>
Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlSoro Solo, flamboyant ambassadeur du continent africaintag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2016-02-07:57568312016-02-07T22:34:59+01:002016-02-07T21:13:00+01:00 Un parcours époustouflant, qui force l’admiration : grâce à son...
<p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Un parcours époustouflant, qui force l’admiration : grâce à son talent, sa persévérance, son enthousiasme, Soro Solo et devenu l’un des meilleurs ambassadeurs de la Côte d’Ivoire et du continent africain, en France et au-delà. L’émission « <em>L’Afrique enchantée</em> », qu’il a animée chaque dimanche pendant presque dix ans, de 2006 à 2015, sur les ondes de <em>France Inter</em>, aux côtés de son complice Vladimir Cagnolari, est devenue l’émission la plus écoutée des grandes radios nationales françaises, sur cette tranche horaire, après <em>Rtl</em> et avant <em>Europe 1</em>, avec une moyenne de 350 000 auditeurs. Depuis l’été 2015, Soro Solo poursuit seul l’aventure en animant « <em>L’Afrique en solo</em> », avec le même taux d’écoute spectaculaire.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;"><a id="irc_mil" style="border: 0px currentColor;" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjf9vG-zebKAhUHShQKHTh3BYgQjRwIBw&url=http%3A%2F%2Fwww.flickriver.com%2Fphotos%2Ftags%2Fpassagesmus%25C3%25A9edesconfluencesmdcafriqueyannsonnguyenthe%2Finteresting%2F&psig=AFQjCNHAKxk5_52B7o87Yh8v-cRiYMCOvw&ust=1454967232139523" data-ved="0ahUKEwjf9vG-zebKAhUHShQKHTh3BYgQjRwIBw"><img id="irc_mi" style="margin-top: 86px;" src="http://farm5.static.flickr.com/4010/4657990812_c88fcb4309.jpg" alt="" width="500" height="333" /></a><a id="irc_mil" style="border: 0px currentColor;" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwj8xey6vebKAhXKbhQKHecxACoQjRwIBw&url=http%3A%2F%2Fmaisondelaradio.fr%2Fevenement%2Femission-en-public%2Flafrique-enchantee&bvm=bv.113370389,d.d24&psig=AFQjCNE9yxSN4h63ler9znaQQIV7dPiyrg&ust=1454962830549901" data-ved="0ahUKEwj8xey6vebKAhXKbhQKHecxACoQjRwIBw"></a></span></p><p><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">« Le Grognon ». </span></strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Petit retour en arrière. Nous sommes à la fin des années 1980, le vent de la démocratisation souffle sur la Côte d’Ivoire. Coulibaly Souleymane, qui anime la <em>Matinale</em> sur les ondes de la radio nationale, lance une nouvelle chronique, <em>« Le Grognon »</em> qui permet aux auditeurs de <em>« grogner »</em> un peu en direct, de partager leurs soucis, leur colère, lorsque, par exemple, ils se font racketter par un agent des forces de l’ordre ; ou lorsqu’un parent décède faute de soins payés cash et d’avance. Un ton et une liberté inhabituelles, qui marqueront les esprits, et feront aussi grincer quelques dents : les suspensions d’antenne se multiplient pour le journaliste, Prix Ebony en 1993 et 1994, qui voit un jour des soldats débarquer dans le studio…</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Cela ne l’empêche pas de multiplier les collaborations avec des médias internationaux, en collaborant notamment à l’émission « <em>Taxi Brousse</em> » animée par la journaliste Sylvie Coma sur Rfi. Mais par amour pour son pays et par devoir envers ses compatriotes, il déclinera systématiquement les propositions de collaboration à l’étranger, s’estimant plus utile en Côte d’Ivoire, et aussi <em>« redevable aux contribuables ivoiriens de lui avoir permis de bénéficier d’une formation à l’Ina »</em>, explique-t-il aujourd’hui.</span></p><p><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Les chemins de l’exil. </span></strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Durant la crise et les « événements » douloureux qui ont marqué tous les Ivoiriens, l’épisode le plus traumatisant vécu par Souleymane Coulibaly se déroule au cimetière de Williamsville en octobre 2002, à l’enterrement d’un membre de sa famille. Deux de ses cousins portant le même patronyme sont abattus à bout portant par un « escadron de la mort ». Lui-même, qui avait quitté les lieux une demi-heure avant, a eu la vie sauve, de justesse. Ses amis le supplient de partir, pour sauver sa peau. C’est donc la mort dans l’âme que Soro Solo – qui a repris le nom « Soro » de sa famille, originaire de Korhogo, avant la conversion de son père à l’islam – se résout à quitter sa chère Côte d’Ivoire. Et en janvier 2003, alors qu’il se trouve à Paris pour participer à l’assemblée générale d’ « <em>Afrique en créations</em> », le journaliste demande et obtient l’asile politique en France. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Comme pour tous les exilés, les débuts furent difficiles. Il est d’abord accueilli par Vladimir Cagnolari et sa famille, un journaliste français avec lequel il s’était lié d’amitié en 2001 à Bassam, lors du <em>Festival des arts de la rue</em>. Puis il sera pendant quelques mois résident à la « Maison des journalistes », le temps de prendre ses marques, de se reconstruire. A 50 ans, il repart à zéro. Soro Solo travaille énormément, court les rédactions, soumet des projets conçus pendant des nuits blanches. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Mais rien n’est facile, et ils sont nombreux, à Paris, les journalistes africains qui tentent de se (re)faire une place au soleil. Il fait des piges pour des magazines, décroche une chronique sur Rfi, intitulée « Je vous écris de France ». Mais c’est l’aventure de « <em>L’Afrique enchantée</em> » sur les ondes de <em>France Inter</em> (à ne pas confondre avec <em>Rfi</em>) qui le propulsera sur le devant de la scène ; et lui permettra de s’épanouir professionnellement, avant d’être récompensé par le « <em>Grand Prix des radios francophones publiques</em> » en 2009. </span></p><p><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Tordre le cou aux préjugés</span></strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;"> <strong>sur l’Afrique</strong>. Soro Solo, en compagnie de son « frère blanc » Vladimir Cagnolari, part de la musique du continent pour raconter l’Afrique, sous toutes ses facettes, utilise des chansons mythiques pour incarner un pays, un thème, souvent en lien avec l’actualité - et tordre au passage le cou à une image parfois dévalorisée du continent. Solo et Vlad se donnent la réplique, se transforment en griots pour conter cette Afrique si chère à leur cœur, tendent leur micro à monsieur et madame Tout-le-monde : <em>« Vladimir et moi avons les mêmes envies de radio : nous nous intéressons plus aux sans-voix qu’aux officiels, qui sont tout le temps devant des micros</em> <em>et des caméras »,</em> explique-t-il en souriant.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Le succès de « L’Afrique enchantée » est tel que les deux amis décident de partir à la rencontre de leurs auditeurs, et se lancent dans l’organisation des « <em>Bals de l’Afrique enchantée</em> », aux quatre coins de la France. Ces répliques des bals populaires version tropicale proposent un répertoire des années 1960 à aujourd’hui. Entre les morceaux, Solo, de sa voix rocailleuse reconnaissable entre toutes, dreadlocks au vent, balance une anecdote au micro, explique le contexte social ou politique du morceau, et enchante son public. Les organisateurs de festivals de musique africaine se l’arrachent, en France, mais aussi ailleurs dans le monde. Il est également sollicité par la prestigieuse TEDx Paris pour animer une conférence sur la modernité, les traditions et le choc des cultures, qu’on peut toujours écouter sur internet. Son <em>press-book</em> est impressionnant : les plus grands médias lui ont consacré des émissions ou des articles terriblement élogieux. </span></p><p><strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Mal du pays.</span></strong><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;"> Soro Solo ne s’arrête jamais, son énergie et son enthousiasme sont intacts. Son ami journaliste Vladimir Cagnolari ayant décidé de relever d’autres défis, c’est seul aux commandes qu’il anime désormais « <em>L’Afrique en solo</em>», sur le même principe et avec le même succès. Lui qui sillonne pourtant tout le continent africain – et les pays à forte diaspora d’origine africaine, comme Haïti, les Antilles - ne peut pas encore retourner chez lui, ce qui est parfois difficile à supporter. Son pays, sa famille restée au pays, lui manquent cruellement. Mais la roue finit toujours par tourner. Gageons que les retrouvailles seront belles. Et que la Côte d’Ivoire saura honorer son valeureux fils, lequel, en France comme dans le reste du monde, porte très haut les couleurs du pays et du continent. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">(<em>article publié dans le quotidien d'Abidjan Fraternité Matin le 6.2.2016)</em></span></p>
Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlParano-Citytag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2016-01-08:57418722016-01-08T16:03:37+01:002016-01-08T15:59:00+01:00 Entre Noël et Nouvel-An, j’ai passé quelques jours à Paris. Comme tous les...
<p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Entre Noël et Nouvel-An, j’ai passé quelques jours à Paris. Comme tous les francophones du monde, j’aime beaucoup cette ville, qui est aussi un peu chez moi, ma capitale, dont je suis depuis toujours les faits et gestes politiques, culturels, les hauts et les bas. C’est dire à quel point j’ai eu mal au cœur lors de mon dernier séjour. Les Parisiens demeurent choqués, et l’atmosphère plombée par les récentes exécutions sommaires dont ont été victimes des dizaines de personnes, dans la salle de spectacle du Bataclan, sur des terrasses de cafés ; des endroits si familiers, devenus depuis lors des lieux de pèlerinage. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;"><a id="irc_mil" style="border: 0px currentColor;" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjdkbO6vJrKAhWI7BQKHQI_ASYQjRwIBw&url=http%3A%2F%2Fwww.lequotidien.lu%2Finternational%2Fattentats-de-paris-deux-arrestations-dans-un-foyer-de-refugies-en-autriche%2F&bvm=bv.110151844,d.d24&psig=AFQjCNHi9H_5EcYCJqWCD94oxRN4qEWUhw&ust=1452351242414580" data-ved="0ahUKEwjdkbO6vJrKAhWI7BQKHQI_ASYQjRwIBw"><img id="irc_mi" style="margin-top: 146px;" src="http://www.lequotidien.lu/wp-content/uploads/2015/12/bataclan-620x330.jpg" alt="" width="620" height="330" /></a></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;"> </span><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">C’est le cas du Bataclan. Lorsque je m’y suis rendue fin décembre, la nuit était déjà tombée. Je n’ai pas vu tout de suite les dizaines de personnes, originaires du monde entier, massées sur le trottoir d’en face, recueillies, silencieuses, devant les poèmes, fleurs, bougies déposés à la mémoire des victimes. Dans la rue qui longe le Bataclan, dont les images hallucinantes ont été diffusées en boucle sur toutes les chaînes de télévision, les badauds, incrédules, prennent en photo les impacts de balles qui sont toujours visibles sur les murs, le long des sorties de secours par lesquelles certains s’étaient échappés, en traînant sur le sol leurs camarades blessés ou mourants. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Durant toute cette semaine, la France a commémoré les assassinats, ciblés, des dessinateurs de l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Les tueries du 13 novembre ont, elles, fait passer le message que n’importe qui pouvait être visé. Et cela se ressent, où qu’on se trouve dans la capitale. Lorsque vous achetez une crêpe à un vendeur ambulant, il vous parle aussitôt du fait que les touristes ont déserté Paris, par crainte d’être victime d’un attentat aveugle. Les hôteliers racontent eux aussi à quel point la fréquentation de leurs établissements a chuté.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Cette crainte diffuse s’est introduite partout. En prenant le métro, difficile de s’empêcher de lorgner d’un œil un peu inquiet lorsque monte à une station un musulman barbu, en djellaba, portant un blouson un peu gonflé autour de la taille ; même si dans un deuxième temps, on enchaîne avec des plaisanteries, histoire de rire un peu de ces excès de paranoïa. Je me rappelle avoir instinctivement hâté le pas en marchant le long des interminables couloirs de la station de métro « Châtelet », suite à une conversation avec un ami parisien, qui avait pronostiqué que cette station centrale représentait une « cible » idéale. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Un rire jaune s’est introduit y compris dans les salles de spectacles. Dans son show, le jeune humoriste qui monte Ahmed Sylla, en pleine impro, s’est ainsi adressé sur le mode comique à un spectateur fictif prénommé Moussa, qui se serait assis tout près de la sortie, sous-entendu : pour fuir rapidement après attentat. Avant de conclure, en se référant toujours aux événements du Bataclan : « Ces gars-là, ils nous ont niqué la life »…</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">A Paris, tout est en effet devenu plus grave, plus compliqué. L’entrée des musées, des institutions, sont, comme dans les aéroports, des lieux où vous passez à travers un portique, où votre sac est fouillé de près. Avant de pénétrer dans le Grand Palais, on vous informe que tout sac volumineux est interdit à l’intérieur du bâtiment. Dans le métro, régulièrement, vous êtes informés que telle ligne est fermée en raison d’un colis suspect. Les militaires s’épuisent à parcourir des kilomètres, pour donner l’illusion aux gens de les protéger du prochain carnage. Car les Parisiens ne se demandent pas si, mais quand il aura lieu. Vous avez dit Parano-City ? </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;">Les psychologues et les psychiatres sont pris d’assaut par des hommes et des femmes qui ont peur, peur de sortir dans la rue, de prendre les transports publics, d’aller au spectacle, et qui ont besoin d’un appui. Dans le même temps, les gens continuent à aller et venir, à vivre. Comment faire autrement ? J’ai quitté Paris un peu triste, mais en même temps heureuse de mon immersion dans cette ville, certes traumatisée, mais toujours aussi vibrante. Paris sera toujours Paris.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;"> </span></p>
Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlTidjane Thiam, la fierté de la Côte d'Ivoiretag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2015-06-23:56449792015-06-24T12:32:00+02:002015-06-23T19:54:00+02:00 Le franco-ivoirien Tidjane Thiam va prendre ses fonctions à la tête du...
<p><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt;" lang="FR">Le franco-ivoirien Tidjane Thiam va prendre ses fonctions à la tête du Credit suisse à Zurich en juillet 2015. Le 14 mars 2015, quelques jours après l’annonce de sa nomination, ma chronique ci-dessous était publiée dans les colonnes du quotidien ivoirien Fraternité Matin.</span></em></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"> </p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 10pt;" lang="FR"><a id="irc_mil" style="border: 0px currentColor;" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0CAcQjRw&url=http%3A%2F%2Fwww.google.ch%2Furl%3Fsa%3Di%26rct%3Dj%26q%3D%26esrc%3Ds%26source%3Dimages%26cd%3D%26cad%3Drja%26uact%3D8%26ved%3D0CAcQjRw%26url%3Dhttp%253A%252F%252Fwww.grioo.com%252Far%252Ctidjane_thiam_il_est_plus_difficile_d_etre_ministre_en_afrique_que_pdg_d_une_grande_entreprise_%252C22932.html%26ei%3DE5uJVa6rHsb_UM-RgZgE%26bvm%3Dbv.96339352%2Cd.d24%26psig%3DAFQjCNET-80SO0hfU3y-_KquEYKUVrPcUA%26ust%3D1435167858620424&ei=E5uJVa6rHsb_UM-RgZgE&bvm=bv.96339352,d.d24&psig=AFQjCNET-80SO0hfU3y-_KquEYKUVrPcUA&ust=1435167858620424" data-ved="0CAcQjRw"></a><a id="irc_mil" style="border: 0px currentColor;" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0CAcQjRw&url=http%3A%2F%2Flencrenoir.com%2Fun-ivoirien-nomme-a-la-tete-du-credit-suisse%2F&ei=QpyJVY_3McbxUsOzg5gK&bvm=bv.96339352,d.d24&psig=AFQjCNF87O8Xf_0iDnWjPtWejru_Rt7bTw&ust=1435168188084033" data-ved="0CAcQjRw"><img id="irc_mi" style="margin-top: 0px;" src="http://lencrenoir.com/wp-content/uploads/2015/03/tidjane-thiam.jpg" alt="" width="713" height="440" /></a></span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">Cette semaine, la presse du monde entier a fait ses gros titres sur un valeureux fils de la Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam, qui vient d’être nommé à la tête de Credit Suisse, une des plus grandes banques du monde, fleuron du secteur bancaire suisse.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">En Suisse, dès l’annonce de cette nomination, l’ensemble des médias helvétiques ont aussitôt cherché frénétiquement à en savoir plus sur ce franco-ivoirien surdiplômé, star de la City de Londres, qui côtoie avec aisance et décontraction le gotha financier et politique de la planète. « Pour prospérer, la Suisse a besoin de cadres brillants qu’il faut aller chercher à l’étranger », écrit l’éditorialiste du quotidien suisse Le Temps, tout en relevant que « Tidjane Thiam est le premier dirigeant d’une entreprise suisse d’une telle taille à être d’origine africaine ». En titre, le quotidien genevois déclarait dans son édition du 11 mars : « A 52 ans, l’ancien ministre de Côte d’Ivoire présente un parcours atypique ».</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">Quel parcours époustouflant en effet que celui de Tidjane Thiam, né en 1962 à Abidjan, fils d’Amadou Thiam, originaire du Sénégal, arrivé en 1945 en Côte d’Ivoire, où il fut ministre de l’information du président Félix Houphouët-Boigyn dans les années 60 et 70, après avoir créé et dirigé Radio Côte d’Ivoire. Sa mère, Mariétou Sow, était une nièce d’Houphouët-Boigny. Tidjane Thiam fit en France de brillantes études : Polytechnique, major de l’Ecole des mines, diplômé d’un master de l’Ecole de commerce INSEAD, avant de rejoindre le prestigieux cabinet de conseil américain McKinsey dans les années 80.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">Il retourne ensuite en Côte d’Ivoire, où de 1994 à 1999, il est le premier Ivoirien à occuper le poste de directeur général du BNEDT –<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>après les Français Antoine Cesareo et Philippe Serey-Eiffel -<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>dont il devint ensuite le président, tout en occupant le portefeuille de ministre du Plan et du Développement dans le gouvernement du président Henri Konan Bédié. Il est alors l’homme fort de l’économie ivoirienne, en pleine croissance, et à 36 ans, figure dans la liste des « Young Global Leaders of Tomorrow », sélectionnés par le Forum économique mondial. Le coup d’Etat de Noël 1999 du général Gueï va cependant sonner le glas de sa carrière en Côte d’Ivoire : après quelques semaines d’assignation à résidence, il est libéré et quitte le pays, après avoir décliné l’offre du général Guéï d’être son premier ministre.</span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">Tidjane Thiam retourne ensuite au sein du cabinet McKinsey, avant d’entrer en 2002 dans les hautes sphères du groupe d’assurances Aviva, puis d’un autre groupe d’assurance britannique, Prudential, dont il devient le PDG en 2009. C’est de ce poste que les chasseurs de tête du Credit Suisse l’ont débauché, impressionnés par les excellents résultats obtenus par Prudential en Asie, mais aussi sur le continent africain. Sa proximité avec le président américain Barack Obama a certainement aussi joué en sa faveur : le Credit suisse a été condamné par les autorités américaines à payer une amende de 2,8 milliards pour avoir aidé des contribuables américains à frauder le fisc. </span></p><p style="margin: 0cm 0cm 0pt;"><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">Les parcours des autres membres de la fratrie de Tidjane Thiam sortent également de l’ordinaire. Deux de ses frères ont aussi occupé des postes ministériels, Daouda aux mines et à l’énergie et Aziz aux transports, avec de belles carrières dans le privé, ainsi que comme conseiller du président Alassane Ouattara. Augustin Thiam est bien connu des Ivoiriens au titre de gouverneur de Yamoussoukro et chef traditionnel. Quant aux deux sœurs, elles se sont distinguées dans les secteurs de la banque, de la culture et de la communication. </span></p><p><span style="font-family: 'Arial','sans-serif'; font-size: 11pt;" lang="FR">Le 10 mars, le quotidien français Le Monde titrait : « Tidjane Thiam, ce banquier que la France regrette d’avoir laissé partir ». Cela renvoie à ce fameux plafond de verre auquel l’Ivoirien avait le sentiment de se heurter, et qui l’empêchait d’accéder aux plus hautes fonctions de grands groupes français. C’est désormais à la tête du Credit suisse que Tidjane Thiam pourra donner toute la mesure de ses talents. Et faire la fierté de la Côte d’Ivoire dont il est plus que jamais un prestigieux représentant. </span></p>
Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlLa Tanzanie sous pression du lobby agrogénétiquetag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2014-11-21:54944762014-11-21T12:02:47+01:002014-11-21T11:59:00+01:00 La Tanzanie est devenue un terrain d’expérimentation pour des initiatives...
<p dir="LTR" align="LEFT"><span style="font-family: Arial; font-size: medium;"><span style="font-family: Arial; font-size: medium;">La Tanzanie est devenue un terrain d’expérimentation pour des initiatives privées qui visent à transformer radicalement son agriculture. Multinationales et bailleurs de fonds multiplient les pressions pour que les autorités autorisent les OGM sans entraves.</span></span></p><div class="irc_mutc"><a class="irc_mutl" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&ved=0CAcQjRw&url=http%3A%2F%2Fwww.afroconceptnews.com%2F2014%2F07%2F06%2Fagronomie-le-milliardaire-americain-bill-gates-veut-repandre-les-ogm-en-afrique%2F&ei=axpvVPOPFILKOc_NgZAI&psig=AFQjCNFCHL3Pu4XzoikTcUgKxtXxbgOEpA&ust=1416653728622054" data-ved="0CAcQjRw"><img class="irc_mut" style="margin-top: 32px;" src="https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTFKTuf5hX_HBzuYQssL5Pp2ymqNouZlfwxU-3LqY_5zfZHbsZS" alt="" width="650" height="330" /></a></div><p><em><span style="font-size: x-small;">La fondation Bill & Melinda Gates fait la promotion des OGM sur le continent africain.</span></em></p><p>Les millions d’hectares de terres fertiles que compte la Tanzanie suscitent de nombreuses convoitises. Alors que les petits paysans sont pour la plupart livrés à eux-mêmes et ne bénéficient d’aucun soutien, les autorités déploient de gros moyens pour attirer investisseurs étrangers et multinationales de l’agrobusiness. Un des projets phares promu par la Tanzanie est le «Southern Agricultural Growth Corridor of Tanzania (SAGCOT), concocté au Forum économique de Davos et appuyé par le G8, qui vise à créer sur des millions d’hectares une infrastructure industrielle, mise à la disposition de grands groupes étrangers, pour pratiquer des monocultures destinées à approvisionner le marché agricole mondial. «Les investisseurs qui disposent d’un bail visent à faire un maximum de profits en un minimum de temps, pour rentabiliser les fonds de pension qui leur sont confiés, mais que vont devenir les générations futures?», s’inquiète Nicola Morganti, spécialiste en agriculture, qui travaille pour des ONG en Tanzanie depuis plusieurs années.</p><p>Perdre sa terre, c’est perdre sa dignité</p><p dir="LTR" align="LEFT">Pour Jordan Gama, directeur de TOAM, le Tanzania Organic Agriculture Movement (Mouvement tanzanien pour l’agriculture organique), le modèle d’une agriculture industrielle, confiée à des investisseurs étrangers, est une impasse. «Dans un pays où 80% de la population dépend de l’agriculture, que vont devenir les générations futures, privées de terres?». Il cite la Zambie voisine, qu’il connaît bien, «où les paysans dépendent de ce que leur paient les multinationales qui gèrent l’agriculture du pays». Résultat: leur situation s’est considérablement dégradée. «Ils vivent comme des sous-hommes. On voit ces familles vêtues de haillons, extrêmement maigres, au bord des grandes plantations; en perdant leurs terres, ils ont aussi perdu leur dignité», témoigne-t-il.</p><p dir="LTR" align="LEFT"> Le tout puissant lobby pro-OGM</p><p dir="LTR" align="LEFT">Outre l’offensive sur les terres, les pressions s’accentuent auprès des autorités pour qu’elles autorisent l’utilisation des semences transgéniques, et l’introduction d’organismes génétiquement modifiés (OGM) en Tanzanie. «Les pressions sont exercées par des compagnies telles que Monsanto, Syngenta et d’autres, mais aussi des bailleurs de fonds comme l’USAID, la Banque mondiale, la Fondation Bill et Melinda Gates, témoigne Audax Rukonge, le directeur de l’ANSAF, l’Agricultural Non State Actors Program, partenaire de SWISSAID. Ce qui le met hors de lui, c’est l’énergie déployée par le lobby pro-OGM pour supprimer la clause de responsabilité de la législation en vigueur, qui rend les multinationales agrochimiques responsables d’éventuels dommages futurs causé par l’introduction d’OGM. «Pourquoi les compagnies ne veulent-elles pas de cette clause? s’insurge Audax Rukonge. Probablement parce qu’elles ne sont pas sûres de leur technologie génétique qu’ils veulent à tout prix nous imposer».</p><p dir="LTR" align="LEFT">Vandana Shiva à la rescousse</p><p>C’est dans ce contexte que s’est formée l’Alliance tanzanienne pour la biodiversité (Tanzania Alliance for Biodiversity (TABIO), qui regroupe une vingtaine d’organisations de la société civile. Cette Alliance prend régulièrement position en faveur d’une agriculture familiale, et dénonce l’acharnement à vouloir imposer une agriculture industrielle et génétiquement modifiée. Au mois de juin dernier, TABIO a ainsi organisé la venue dans la capitale Dar-es-Salaam de la célèbre activiste indienne Vandana Shiva, pour témoigner du désastre que représente, pour l’Inde, l’introduction de coton génétiquement modifié. Le lobby pro-OGM en Tanzanie a violemment critiqué sa venue et la conférence qu’elle a tenue devant une salle comble.</p><p dir="LTR" align="LEFT">TABIO fait également un travail de veille, en alertant par exemple l’opinion publique sur le fait que des corn flakes importés d’Afrique du Sud et vendus dans les supermarchés en Tanzanie sont fabriqués à partir de maïs transgénique, ce que la loi interdit. Cette découverte a été l’occasion pour TABIO d’appeler à nouveau à un vaste débat national sur les OGM, et dénoncer les pressions continues exercées sur le gouvernement par les compagnies et les bailleurs de fonds pour introduire sans entraves les OGM en Tanzanie.</p><p dir="LTR" align="LEFT">Des pressions sur toute l’Afrique pour introduire des OGM</p><p dir="LTR" align="LEFT">Le cas de la Tanzanie n’est pas isolé sur le continent africain, lequel doit faire face à des pressions de tous côtés. Les ambassades des Etats-Unis jouent souvent un rôle actif, n’hésitant pas, comme cela a été le cas au Ghana, à s’impliquer dans la rédaction des lois sur la biosécurité pour qu’elles soient favorables aux fabricants d’OGM. La Fondation Bill et Melinda Gates finance également dans de nombreux pays africains des recherches sur le génie génétique, à travers l’Alliance pour une Révolution verte en Afrique (AGRA), présidée pendant plusieurs années par l’ex-secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan. Le Burkina Faso est devenu le fer de lance de Monsanto, Syngenta et de quelques autres en Afrique de l’Ouest, et s’est transformé en un vaste champ d’expérimentation pour l’introduction de cultures transgéniques. L’Afrique du Sud cultive également des OGM, tandis que de nombreux autres pays – tel le Ghana où les opposants ont manifesté à plusieurs reprises – continuent à résister. Mais jusqu’à quand ?</p>
Catherine Morandhttp://est-cebienraisonnable.hautetfort.com/about.htmlFashion faux pas à Abidjantag:est-cebienraisonnable.hautetfort.com,2014-07-28:54188072016-04-11T17:40:52+02:002014-07-28T21:43:00+02:00 Lors de sa visite à Abidjan, la secrétaire d'Etat...
<h2 class="titleView"> </h2><div style="width: 150px; height: 21px; margin-top: -35px; float: right;"><span style="font-size: small;"> </span></div><div class="content"><p><span style="font-size: small;">Lors de sa visite à Abidjan, la secrétaire d'Etat Annick Giradin a fait un "fashion faux pas" qui a choqué les Ivoiriens et enflammé la toile.</span></p><p><a class="external" href="http://www.google.ch/url?sa=i&rct=j&q=&esrc=s&source=images&cd=&cad=rja&uact=8&docid=nmLBg6kstO9DIM&tbnid=W70QN03BOVU-HM:&ved=0CAUQjRw&url=http%3A%2F%2Fwww.rumeursdabidjan.net%2Farticle-insolite_faits_divers-39202.html&ei=UZnWU7D5GsGJPanBgJAP&bvm=bv.71778758,d.ZGU&psig=AFQjCNH4jjf9GnZEOfGFkA3ZLYiS6kMVSA&ust=1406659275153788" target="_blank"><img class="external" src="http://www.rumeursdabidjan.net/images_ftp/Annick_Girardin_5.jpg" alt="Annick_Girardin_5.jpg" width="538" height="349" /></a></p><p><span style="font-size: small;">Les Ivoiriens sont connus pour leur « chiquitude » et pour être stylés en toutes circonstances. Et leur classe politique n’est pas en reste, à commencer par le couple présidentiel, aux tenues toujours parfaites, tout comme celles des membres du gouvernement. C’est dire si la Côte d’Ivoire est demeurée bouche bée en découvrant l’accoutrement d’Annick Girardin, la secrétaire d’Etat au développement et à la francophonie, lors de sa descente d’avion, aux côtés du président français François Hollande et de ses ministres, en visite officielle à Abidjan le 17 juillet dernier : petite veste noire mal coupée d’où dépassait un T-shirt improbable, pantalons à carreaux couleur grisouille, et surtout, surtout, énormes baskets blanches, avec rabat et semelles compensées, pour fouler le tapis rouge...</span></p><p><span style="font-size: small;">Du coup, les réseaux sociaux se sont emparés de l’affaire et ont été mis à contribution pour exprimer stupeur et indignation : « Madame Annick Girardin se croyait en brousse ? Comportement très insultant pour l’Afrique », « A moins qu’Annick Girardin estime qu’une visite officielle dans un pays africain ne mérite pas une meilleure tenue ? Honte à François Hollande », « La classe à la française », peut-on y lire. Même le très sérieux hebdomadaire Jeune Afrique publiait, dès le lendemain, un article sur son site, pour dénoncer le « fashion faux pas » d’Annick Girardin.</span></p><p><span style="font-size: small;">Cette anecdote m’a rappelé d’autres sorties d’avions détonantes. Telle celle de Jean-Christophe Mitterrand, lorsqu’il était le Monsieur Afrique de son président de père, et qu’il portait volontiers une chemise hawaïenne multicolore lorsqu’il débarquait sur le continent. Il était alors accueilli à sa sortie d’avion par des officiels en costumes sombres, très chics et très classes, coupés sur mesure par les plus grands couturiers parisiens. Ou encore Bernard Kouchner, l’ex-ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, qui adorait porter un « abacost » avec col Mao lorsqu’il se rendait en Afrique centrale, renouant ainsi avec la mode en vigueur dans l’ex-Zaïre, du temps du maréchal Mobutu. Pensait-il faire ainsi couleur locale ? Ou était-ce simplement sa manière à lui d’être chic en Afrique ?</span></p><p><span style="font-size: small;">L’Afrique exige-t-elle d’ailleurs un « dress code » particulier ? On pourrait le penser en découvrant certaines tenues, sorties tout droit du petit film que chacun se fait lorsqu’il pose un pied sur terre africaine. La chanteuse Madonna, lorsqu’elle s’était rendue au Malawi pour faire son « marché aux enfants », avait par exemple opté pour un look résolument guerrier : pantalon treillis camouflage, bottes noires montantes style rangers ; il ne manquait plus que la kalachnikov en bandoulière. Pourtant, ni groupes rebelles, ni milices armées n’avaient été signalées dans le pays. On croise aussi des adeptes de la mode tirée du film américain « Out of Africa » : dégradé de tons beiges et ocres, couleur terre africaine, mousseline légère pour elle, chemise en lin pour lui - et moustiquaire pour tout le monde. Ou encore des baroudeurs style Camel Trophy, avec gilet multipoches et kit de survie, même pour sillonner les capitales.</span></p><p><a class="external" href="http://www.huffingtonpost.fr/2013/04/11/madonna-malawi-critiques-star_n_3059208.html" target="_blank"><img class="external" src="http://i.huffpost.com/gen/1081282/thumbs/o-MADONNA-MALAWI-facebook.jpg" alt="o-MADONNA-MALAWI-facebook.jpg" width="213" height="393" /></a></p><p><span style="font-size: small;">Le fashion faux-pas de la secrétaire d’Etat française Annick Girardin montre en tout cas à quel point les tenues des femmes et des hommes politiques sont scrutées, analysées jusque dans leurs moindres détails, par une opinion publique qui ne pardonne aucune faute de goût. Le président François Hollande lui-même en fait régulièrement les frais. Sa cravate de travers, sa manche de chemise qui dépasse, ses costumes trop ajustés qui le boudinent, rien ne lui est épargné. Le site intitulé « François, ta cravate ! » a ainsi recensé que le président de la République aurait porté 568 fois sa cravate de travers en 1171 apparitions publiques… Dernier look raté : son pantalon de smoking, trop long, qui tire-bouchonne sur ses chaussures vernies, lors du dîner officiel organisé à l’Elysée en l’honneur de la Reine d’Angleterre. « Accident de pantalon à l’Elysée. Une victime » a aussitôt tweeté, impitoyable, un chroniqueur politique. </span></p></div>