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03/05/2013

Le Prix littéraire Ahmadou Kourouma fête ses dix ans

Par Catherine Morand, journaliste

Il y a tout juste dix ans, le 11 décembre 2003, l’auteur de « Les soleils des indépendances » Ahmadou Kourouma décédait en France. C’est cette même année que l’éditeur suisse Pierre-Marcel Favre, fondateur du Salon international du livre et de la presse de Genève, ainsi que le professeur émérite de la Sorbonne Jacques Chevrier, décidaient de créer le Prix littéraire Ahmadou Kourouma, pour rendre hommage à l’immense écrivain.

C’est aujourd’hui même à Genève, dans le cadre du Salon africain du livre, que le Prix Ahmadou Kourouma est remis pour la dixième fois. L’année dernière, le ministre de la culture et de la francophonie Maurice Bandaman avait fait le déplacement en Suisse à cette occasion. Aux côtés du professeur Jacques Chevrier, il avait personnellement remis ce prix prestigieux à sa lauréate l’écrivaine rwandaise Scholastique Mukasonga, pour son ouvrage « Notre-Dame du Nil ». Lequel raconte de manière saisissante le prélude du génocide des Tutsi, dans le huis-clos d’un lycée de Kigali.

Le discours du ministre Maurice Bandaman avait été empreint d’une grande émotion lorsqu’il avait rendu hommage à Ahmadou Kourouma, en présence de la veuve de l’écrivain, Christiane Kourouma, assise au premier rang d’une assemblée composée de nombreux représentants des missions diplomatiques en poste à Genève. Le ministre avait également exprimé, au nom de la Côte d’Ivoire, le souhait de voir la dépouille de l’auteur de « Allah n’est pas obligé » retrouver la terre de ses ancêtres. L’écrivain est en effet enterré à Lyon, où, en guise d’hommage, une maison qui abrite des associations artistiques et culturelles porte son nom dans le Jardin des Chartreux. Le souhait exprimé par la voix du ministre Bandaman fait depuis lors son chemin...

L’année dernière déjà, et à nouveau pour cette édition 2013, Isabelle Kassi Fofana, directrice de Frat Mat Editions et responsable de l’association Akwaba Culture à l’origine de la création du Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone, est l’invitée du Salon africain du livre de Genève. Elle prend aujourd’hui la parole lors de la remise du Prix Ahmadou Kourouma pour rappeler les liens entre ces deux prix littéraires, désormais jumelés. L’écrivaine sénégalaise Mariama N’Doye, qui avait reçu le Prix Ivoire en 2012 pour son œuvre « L’arbre s’est penché », est également présente à Genève, où elle participe à plusieurs tables-rondes, aux côtés d’Isabelle Kassi Fofana.

La grande dame de la littérature ivoirienne Tanella Boni avait reçu le Prix Ahmadou Kourouma en 2004 pour ses « Matins de couvre-feu », tout comme son compatriote Koffi Kwahulé pour son « Babyface » publié en 2006. Mais aujourd’hui, après la Rwandaise Scholastique Mukasonga, le Congolais Emmanuel Dongala, le Béninois Florent Couao-Zotti, c’est au tour de l’immense écrivain guinéen Tierno Monénembo de recevoir le Prix Ahmadou Kourouma 2013, pour son ouvrage « Le Terroriste noir » publié aux Editions du Seuil. Un roman qui raconte l’incroyable histoire d’Addi Bâ, un jeune Guinéen adopté en France à l’âge de 13 ans, incorporé dans le 12e régiment des tirailleurs sénégalais durant la Seconde Guerre mondiale, avant de rejoindre la résistance. Les Allemands le surnommeront alors « le terroriste noir ».

A relever que « Le rebelle et le camarade Président » de Venance Konan, DG du groupe Fraternité Matin, figurait parmi les ouvrages qui concouraient pour l’édition 2013 du Prix Kourouma, aux côtés, entre autres, de « Fleur de Béton » du franco-congolais Wilfried N’Soundé, et de « Si d’aimer », de la camerounaise Hemley Boum. Les délibérations du jury – dont j’ai l’honneur de faire partie – furent vives. Mais le président du jury Jacques Chevrier laissa entendre qu’il est rare que le même auteur remporte plusieurs prix la même année. Or, Venance Konan vient de remporter le Grand Prix Littéraire d’Afrique noire pour son livre « Edem Kodjo, un homme, un destin », qui lui a été remis lors d’une cérémonie prestigieuse durant le dernier Salon du livre de Paris. (Publié dans le quotidien Fraternité Matin, Abidjan, le 3 mai 2013)