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04/04/2009

L'Afrique, c'est chic !

Est-ce bien raisonnable ?

 

Par Catherine Morand, journaliste, le 5 avril 2009, Le Matin Dimanche 

 

L’Afrique, c’est chic !

 

L’Afrique exige-t-elle un « dress code » particulier ? On pourrait le croire en voyant Madonna au Malawi au début de la semaine. La chanteuse avait opté pour un look résolument guerrier : pantalon treillis camouflage, bottes noires montantes style rangers... il ne manquait plus que la kalachnikov en bandoulière. Pourtant, ni groupes rebelles ni milices armées n’avaient été signalés dans la région. Alors pourquoi ? L’(ex-?) icône de la mode avait-elle le sentiment de partir au combat en allant faire son marché aux enfants ? Ou bien a-t-elle juste voulu être raccord avec le décor de « son » Afrique à elle ?

 

C’est d’ailleurs piquant de constater à quel point chacun se fait son petit cinéma en posant un pied en Afrique. Et adapte son habillement en conséquence. Prenons par exemple Bernard Kouchner. Lorsqu’il se rend en Afrique centrale, le ministre français des affaires étrangères porte volontiers un « abacost » - contraction de « à bas le costume » - avec col Mao, renouant ainsi avec la mode qui fut en vigueur dans l’ex-Zaïre du temps du maréchal Mobutu. Pense-t-il faire ainsi couleur locale ? Ou est-ce simplement sa manière à lui d’être chic en Afrique ?

 

Il y a aussi les adeptes de la mode « out of Africa », dégradé de tons beiges et ocres, couleur terre africaine, mousseline légère pour elle, chemise en lin pour lui - et moustiquaire pour tout le monde. Sans oublier les « Heidi » en boubou, les coopérants en chemise pagne, convaincus de se fondre dans le paysage; ou encore les baroudeurs style Camel Trophy, avec gilet multipoches et kit de survie, même pour sillonner les capitales.

 

On assiste parfois à des clashes détonants. Ainsi, Jean-Christophe Mitterrand, lorsqu’il était le Monsieur Afrique de son président de père, portait volontiers une chemise hawaïenne multicolore lorsqu’il débarquait sur le continent. Il était alors accueilli à sa sortie d’avion par des officiels en costumes sombres, très chics et très classes, coupés sur mesure par les plus grands couturiers parisiens.

 

Mais le summum de la chiquitude, c’est dans les quartiers branchés de Kinshasa ou de Brazzaville qu’elle se niche. Les adeptes de la SAPE (Société des ambianceurs et des personnes élégantes) exhibent sans état d’âme les dernières créations de Versace, Armani ou Jean-Paul Gaultier. Le mois dernier, un défilé de mode organisé par la Radio-télévision congolaise a permis à des sapeurs des deux capitales de se défier à coups de « griffes ». Le verdict fut sans appel : « Le Congolais de Brazzaville s’habille chic, mais celui de Kinshasa s’habille cher. »