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15/11/2009

Guerre et paix au zoo

par Catherine Morand, journaliste - Le Matin Dimanche - le 15 novembre 2009

A l'image de l'Allemagne, le zoo de Berlin est parvenu à panser ses blessures. Lorsqu'on se promène dans ce poumon de verdure au coeur de la capitale allemande, on oublie qu'il fut, comme le reste de la ville, presque totalement détruit pendant la Seconde guerre mondiale; et qu'un éléphant figurait parmi les victimes de la première bombe lâchée sur Berlin par les Alliés. A la fin de la guerre, seules quelques dizaines d'animaux avaient survécu. Renaissance suprême : celle de Knut en décembre 2006, premier petit ourson polaire à voir le jour au zoo de Berlin, une histoire qui avait fait le tour du monde.

Si l'on admet que les jardins zoologiques peuvent représenter un bon indicateur de l'état de santé d'un pays, il faut se réjouir des nombreuses naissances annoncées depuis quelques mois au zoo de Bagdad, parmi lesquelles celles, toute récentes, de deux bébés tigres de Sibérie. Grâce à l'amélioration - toute relative - de la sécurité dans la capitale irakienne, les familles se pressent à nouveau dans ce qui fut le plus grand parc animalier du Moyen Orient. Et qui revient de loin : les animaux du zoo Al-Zawraa périrent par centaines sous les bombes de l'invasion américaine et du carnage qui s'ensuivit.

Au plus fort de la guerre des Balkans, les pensionnaires du zoo de Sarajevo avaient eux aussi payé un lourd tribut, abattus par des snipers ou morts de faim dans des cages que les gardiens n'osaient plus approcher. Dès que la paix est de retour, les jardins zoologiques représentent souvent le premier, voire le seul endroit où les enfants peuvent un peu se changer les idées. C'est pourquoi le directeur du zoo Mahraland à Gaza déploie des trésors d'imagination pour remplacer les animaux décimés lors de l'opération israélienne "Plomb durci", allant jusqu'à teindre des lignes noires sur le pelage blanc d'un âne, pour avoir au moins un "zèbre" à présenter aux nuées d'écoliers qui y défilent. 

C'est que faire venir des animaux en contrebande par les souterrains qui approvisionnent la bande de Gaza depuis l'Egypte n'est pas une sinécure. Mais le directeur du zoo espère toujours y faire transiter un petit éléphant. L'histoire de Marjan, le lion du zoo de Kaboul qui avait perdu un oeil à cause d'une grenade, est tout aussi emblématique : après avoir survécu à l'invasion soviétique, aux talibans et aux Américains, il mourut durant son sommeil en 2002. Et aujourd'hui, au zoo de Berlin, l'ours Knut passionne à nouveau le public depuis qu'il a une fiancée iltalienne, Gianna. Un rebondissement qui confirme que les histoires de zoo sont décidément un excellent baromètre pour prendre la température d'un pays.