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23/02/2010

Les spams attaquent

Par Catherine Morand, journaliste - Le Matin Dimanche - le 21 février 2010

 

Pour quiconque dispose d’une boîte à lettre électronique – c'est-à-dire nous tous, ou presque – une journée bien remplie commence par l’élagage des innombrables spams, pubs, arnaques plus ou moins avérées qui squattent notre courrier. Et c’est du boulot : zigzaguer entre les mails, pour essayer de ne pas faire disparaître un message important, démêler le vrai du faux, tout cela prend la tête et du temps.

 

Et rend parfois un peu parano. Exemple ? Ces messages envoyés à partir d’une adresse e-mail connue, et qui, dans un français ou un anglais très approximatif, racontent une histoire abracadabrante avec, à la clé, une demande pressante d’envoyer 1000 dollars. D’abord, un doute, et si c’était vrai ? Ensuite, que faire ? Supprimer simplement la chose ou tout de même signaler à votre honorable correspondant que sa boîte a été investie par des escrocs ?  

 

Lorsqu’enfin vous avez achevé votre ménage en vous débarrassant de la dernière arnaque made in Nigeria, voici que se pointe une cascade de messages émanant d’un forum de discussion sur lequel vous n’avez jamais demandé à figurer. Et lorsque pour la dixième fois, une personne inconnue vous demande de devenir son ami, là, vous frôlez carrément le pétage de plomb : non, je ne veux devenir l’ami de personne, surtout pas de gens que je ne connais pas, et que je n’ai nulle envie de connaître. On en deviendrait presque misanthrope.

 

Après une journée harassante au bureau, passée à guerroyer contre des messages indésirables, quel bonheur de rentrer chez soi… C’est en découvrant que votre boîte aux lettres déborde, à l’insu de votre plein gré, de prospectus, journaux et autres annonces non désirées, que vous réalisez que le combat n’est pas terminé. Alors, plein de courage, vous recommencez à trier tout ce fatras de pubs, en essayant de ne pas jeter une facture à la poubelle. Au final, en une année, cela représente tout de même entre 40 et 50 kilos de prospectus qui finissent au vieux papier.

 

Après une journée aussi bien remplie, vous aspirez à un peu de repos. C’est alors que le téléphone sonne et qu’une voix plus ou moins lointaine, émanant d’une centrale téléphonique basée à Renens ou à Casablanca, tente de vous fourguer un nouveau produit. Vous n’avez même plus la force de vous énerver, juste de raccrocher, avant de prendre connaissance du sms que vous venez de recevoir sur votre portable. Il s’agit en fait d’un spam téléphonique. Du coup, un coup de barre monumental vous submerge.  C’est bel et bien l’heure d’aller dormir pour être en forme le lendemain, et tout recommencer.

 

08/02/2010

Expatriés, exilés, etc.

 Par Catherine Morand, journaliste - Le Matin Dimanche - le 7 février 2010

 

Un jeune Français au chômage qui part travailler en Angleterre est-il un réfugié économique un expatrié ou un immigré ? Même question pour une architecte suisse qui tente sa chance sur le continent africain et s’y installe pour une longue durée. Ou pour une nounou équatorienne qui s’occupe d’enfants en bas âge à Genève.

 

Manifestement, il est plus chic de partir que d’arriver. Au départ, nous sommes tous des « émigrés », un mot qui conserve une dimension aventureuse, avec son parfum d’Ellis Island ou de contrées lointaines. Mais c’est à l’arrivée que les choses se compliquent. Les nouveaux arrivants ont désormais droit à toute une panoplie d’appellations, en fonction de leurs origines, leurs revenus, leur statut.

 

Des exemples ?  On parle d’expatriés, d’immigrés, d’exilés, de frontaliers, de sans-papiers, de réfugiés politiques, économiques, fiscaux, de migrants, de résidents étrangers. Il est d’ailleurs piquant de constater à quel point chaque terme est connoté, positivement ou négativement. Pourtant, le fil rouge est le même : des hommes et des femmes vivent et/ou travaillent dans un endroit qui n’est pas leur pays d’origine. Mondialisation oblige, c’est une tendance lourde. Dès lors, toutes ces distinctions sont-elles pertinentes ? De même que leur hiérarchisation ?

 

Au sommet de la hiérarchie précisément, le terme « expatrié » est de loin le plus chic. Partout dans le monde, il évoque ces communautés étrangères privilégiées, qui vivent en circuit fermé. En Suisse, lorsqu’on parle d’expatriés, on pense tout de suite à la communauté anglo-saxonne, très présente dans l’arc lémanique. Ses membres refusent toute intégration, zappent notre belle langue française et s’obstinent à ne parler qu’anglais ? Qu’à cela ne tienne : nous nous mettons en quatre pour leur être agréable en mettant médias et écoles anglophones à leur disposition.

 

Du côté des autres étrangers en revanche - immigrés, réfugiés et autres exilés qui n’ont semble-t-il, eux, pas droit à l’appellation d’expatriés - l’intégration, c’est obligatoire. Ils sont sommés de s’intégrer fissa, de tout connaître de nous, notre langue, nos institutions, notre recette pour la fondue, le nom de nos montagnes. Sinon, nous sommes fâchés.

 

Paradoxe : dans notre vie quotidienne, c’est souvent à l’autre extrémité de la hiérarchie que nous avons affaire, qualifiée du vilain nom de « sans-papiers ». Ce sont eux qui font notre ménage, gardent nos enfants, s’occupent de nos vieux parents, avec beaucoup d’humanité. Faites le test : demandez autour de vous qui a recours à leurs prestations. Vous serez étonnés du résultat.